Les petites vengeances

A l’occasion de la réédition de mon livre, Agacements, les éditions Armand Colin ont lancé un jeu qui a permis de recueillir des centaines de témoignages, sur les agacements conjugaux, et sur les « petites vengeances » menées en secret pour se calmer quand on est énervé. Voici ma réponse, en forme de (brève) synthèse :

 

Merci pour ces beaux témoignages, si riches d’enseignements. Ce qui ressort avant tout est le désir immense que le couple soit un lieu de complicité et de douceur ; chacun tente donc de fuir les agacements, de calmer le jeu dès que pourrait poindre la moindre crise. La première tactique est d’ailleurs le refoulement : essayer de ne pas les percevoir, de ne rien ressentir. Mais la force de ce déni prouve paradoxalement combien les agacements menacent de s’agiter en coulisses. Seconde tactique, proche du refoulement : trouver le moyen en soi-même de calmer ses émotions négatives. Version bricolage. « En général, je descends au sous-sol pour bricoler, ça me permet d’oublier et quand je remonte 1 à 2 heures après, je lui parle de ce que j’ai fait, et c’est le top, elle à tout oublié également, et ça repart comme si il n’y avait pas eu d’agacement». Ou version jardin. « Moi quand mon mari m’agace, je pars dans le jardin sur ma chaise longue avec un bon bouquin et je boude ».

Quand cela ne suffit pas cependant, il faut affronter l’être tant aimé, devenu adversaire du moment. Plusieurs personnes préfèrent une grande et franche explication (mais les témoignages montrent que cela ne se termine pas toujours très bien !). D’autre reconstituent leur équilibre psychologique autrement. Le mot « vengeance » a fait réagir négativement, trop fort, trop violent. L’idée n’est pas d’être méchant avec son partenaire mais de trouver le moyen de rétablir un calme intérieur. Le geste permettant cela doit donc être subtil, à peine conscient, peu ou pas visible. Chacun  a sa méthode préférée. L’une cache les clefs ou le portable de son compagnon, provoquant ainsi un agacement dans le camp adverse, l’autre ne renouvelle pas le papier toilette alors qu’il ne reste que le carton. Ou bien c’est une carte bleue qui « chauffe », amputant en secret le budget du ménage, pendant qu’ailleurs la rétorsion porte sur une avarice de câlins. Car tout s’échange dans le couple, travail, argent, caresses, sentiments, mots durs ou mots doux, avant de trouver un point d’équilibre dans la satisfaction partagée.

 

 

Jean-Claude Kaufmann

 

Voir le jeu sur le site Armand Colin :

 

 http://www.armand-colin.com/la-comedie-conjugale-jc-kaufmann

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