Le fluide et les monstres

Rachida m’a envoyé ce très beau témoignage, qui mérite d’être cité longuement, car les idées qu’elle développe sont passionnantes. Il y est d’abord question de monstres.

«  Les monstres ? Oui, oui. Du haut de mes 31 ans, je reste persuadée qu’il y a des monstres et autres esprits pas toujours bienveillants qui trainent dans le coin la nuit. Héritage d’une enfance marquée par les récits de mes tantes paternelles, faites de légendes berbères, où la nuit, tous les monstres sont gris. Héritage aussi d’une enfance et d’une adolescence marquée par les apnées nocturnes, que je prenais forcément pour des attaques de monstres, ne sachant pas que c’était là un phénomène banalement physiologique. Du coup c’est resté, et lorsqu’il m’arrive encore de faire quelques apnées de temps à autre, ce sont bien les monstres du coin qui s’amusent à me tourmenter dans mon sommeil. D’où vient que les monstres sont du côté droit ? Et bien, ils passent par la fenêtre c’est bien connu. Et puis, toutes les fois où je me suis retrouvée du côté droit du lit, ça n’a pas manqué, les monstres rodaient dans le coin, je le sentais bien. Du coup, chacun son coin et je dors bien protégée ».

C’est donc Frédéric, son compagnon, qui dort du côté droit, fait barrière contre les monstres, et la protège. Mais il ne fait pas que la protéger. Car, grâce à sa présence et à quelques légers contacts aux pouvoirs mystérieux, la magie du « fluide » opère.

« Je me tourne en micro boule dans mon coin alors que Frédéric dors sur le dos de son côté. La position dans le lit pourrait paraître tordue à un observateur extérieur, car nous gardons toujours un contact physique, soit ce sont les pieds qui se touchent, soit j’enroule une jambe autour de l’une de Frédéric ou l’inverse, soit j’ai la main sur son torse (oui oui, c’est un peu de la contorsion !), soit c’est lui qui a une main sur mon épaule. Nous appelons cela la connexion et la circulation du fluide. Le fluide, c’est très très important. C’est une chose dont nous sommes très fiers et un secret que l’on préserve jalousement. Le fluide, c’est une sorte de magie énergétique qui opère dès qu’il y a un contact physique entre nous. Ça circule, c’est posé, paisible, c’est doux, c’est serein, ça restaure. Quand je suis triste ou fatiguée, Frédéric me donne du fluide en me prenant dans ses bras et quand il est anxieux ou fatigué, c’est moi qui lui en donne. Parfois, cela se fait en silence, parfois c’est assorti d’un commentaire « j’ai besoin de fluide » ou encore « tiens, prend du fluide, tu en as besoin ». Les rares soirs où l’on se couche fâchés, on s’auto-prive de fluide, et cela est souvent très dur, d’ailleurs, on ne tient en général jamais trop longtemps, car il n’est pas bon de rester trop longtemps sans le fluide de l’autre. Parfois Frédéric, qui a le sommeil léger, se réveille dans la nuit. Se mettent à tourner dans sa tête les préoccupations de la journée passée et des jours à venir, du coup il n’arrive plus à retrouver le sommeil et quand il a bien tourné en rond, fumé une cigarette pour tenter de se calmer, pris un Euphytose pour se détendre mais que rien ne fonctionne, il me prend dans ses bras, ou pose simplement une main sur moi. Et là comme par magie, le fluide opère et il se rendort. En général, je n’en ai pas de souvenirs le lendemain, mais il me raconte, toujours aussi fasciné par ce fluide. « Tu te rends compte tout de même, c’est fou, il suffit que je te touche et ça me calme et je me rendors rapidement ». Du coup, je me demande pourquoi il passe encore par la case clope / Euphytose avant d’en venir au fluide ! Le fluide fonctionne aussi lors de mes « terreurs » nocturnes, souvent je crie pour sortir de l’état de paralysie que provoque l’apnée, Frédéric bredouille endormi (« C’est les monstres ? »), et je me colle contre lui. Le fluide lutte alors contre les monstres qui finissent par décamper au bout d’un moment ».

 

Et vous ? Ressentez-vous des choses semblables ? Je ne parle pas des monstres, que je ne souhaite à personne ! Mais de ce fameux fluide. La proximité de l’être aimé vous apaise-t-elle lors de moments un peu difficiles ? Comment ? Pourquoi ? Au-delà des gestes d’amour, sa simple présence vous procure-t-elle détente, bien-être, abandon serein ? Nous sommes là très loin des petits agacements dont il est question dans d’autres témoignage, à l’opposé même. Ces émotions contraires sont en effet toutes ressenties dans le lit. J’ai peut-être un peu trop parlé des agacements jusqu’à présent. Car il ne faut surtout pas oublier cette magie du fluide, des ces ondes qui nous enveloppent et nous caressent mystérieusement. Merci à Rachida de l’avoir si bien exprimé.

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2 Commentaires

  1. Hélène
    30 septembre 2013 - 09:05

    Merci à Rachidpour ce beau témoignage très fluide !

  2. Hélène
    30 septembre 2013 - 09:11

    Oups, mauvaise manip, je ne voulais pas envoyer le message tout de suite ! Je reprends. Merci donc pour ce beau témoignage.
    Il fût un temps où ce fameux fluide s’est fait sentir avec mon compagnon, il y a environ 2 ans. J’ai connu une période très angoissante et difficile dans mon travail. Le soir avant de m’endormir ou lors d’insomnies j’avais besoin de tenir la main de mon ami ou de le toucher pour être de nouveau apaisée. Cela a duré plusieurs mois.
    C’est un peu différent ces derniers temps comme dit dans un autre témoignage (dans la rubrique “au creux du lit”) : nous faisons chambre à part la plupart du temps depuis plusieurs mois suite aux ronflements intempestifs et à un besoin de temps pour soi pour mieux nous retrouver. Les moments de tendresse et d’échanges de fluide se font au moment du coucher avant de regagner chacun son lieu de nuit !

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