Chez les indiens Emberras

photo Soizic Kaufmann

Petite interruption dans mes articles, car je reviens d’un assez long voyage, qui m’a conduit notamment au Panama, pays de contrastes étonnants, entre les tours de milliardaires de Panama City (façon Dubaï), les quartiers très pauvres de Colon (façon Haïti), les territoires vierges de la forêt profonde. Mille pays en un seul ! Parmi tous ces pays, celui des indiens Emberas est sans doute le plus étonnant. Ce ne sont pas de véritables autochtones car ils sont venus de la Colombie voisine, chassés par la guérilla, ils ont trouvé près de la frontière, dans la province de Darien, un écosystème équivalent, leur permettant de préserver leur mode de vie traditionnel, tout en envoyant les enfants à l’école. On peut les rejoindre après un long trajet en pirogue, rendu acrobatique suite à la baisse des eaux du fleuve provoquée par El Nino. Les Emberas ne peuvent plus survivre de leur seules chasse, pêche et petite agriculture. Le gouvernement les a aidés à organiser une activité de tourisme responsable, leur permettant de vendre leur artisanat (magnifique !) à des touristes occasionnels. Certains pourront dire qu’ils se mettent alors en scène, effectuant des danses rituelles pour les visiteurs plus que de coutume. Je dirai plutôt qu’ils sont parvenus à assumer parfaitement une double identité. Une (petite) part d’eux-mêmes accrochée à la modernité (école pour les enfants, activité commerciale) et la plus grande part perpétuant leurs traditions. Ils vivent réellement et pleinement les deux facettes de leur personnalité. Un équilibre tellement réussi qu’une sérénité joyeuse se dégage d’eux avec force, et ne tarde pas à contaminer le visiteur trop stressé par la vie moderne. Dans mes rêves je me dis que rester plus longtemps avec les Eberras m’aurait fait beaucoup de bien !

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1 commentaire

  1. Gonzalo
    6 janvier 2016 - 09:39

    Magnifique peuplade que j’ai eu la chance de rencontrer dans un de mes voyages, et c’est effectivement un des choses qui m’a le plus marquer ! Leur bi-vie, entre modernité et nature. Magnifique peuple

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