A paraître

Mon livre sur la Saint-Valentin, ses enjeux et son histoire méconnue sortira le 11 janvier prochain. Voici en avant-première le début de l’introduction :

« Un livre sur la Saint-Valentin ? Vous pensez sérieusement écrire un livre sur la Saint-Valentin !! ». Dans les réactions pour le moins peu enthousiastes que suscitait l’annonce de mon projet, je comprenais qu’il ne serait pas simple de convaincre. Chaque livre s’inscrit pour moi dans une ambiance, un univers particulier ; celui-ci prenait donc dès le début la forme d’un combat. Pour persuader, expliquer qu’au-delà de la banalité de surface, se cachaient des enjeux considérables.
Qu’y avait-il à raconter sur la Saint-Valentin me demandaient mes interlocuteurs, la voix morne, déjà fatigués de devoir argumenter sur ce qui paraissait à tous si évident ? La Saint-Valentin se répétait dans des frivolités lassantes, un conformisme désuet, un consumérisme de masse brisant dans l’œuf toute amorce de sentiment. Au mieux la fête fonctionnait pour certains couples comme un rituel agréable, mais cela ne donnait pas matière à écrire un livre.
D’ailleurs, me disait-t-on, regardez les journalistes. Chaque 14 février, celui qui n’y prend garde est commis d’office par sa rédaction, avec pour mission impossible de trouver un « angle original », permettant de dire enfin quelque chose sur ce sujet sans intérêt. Et peu y parviennent, en furetant dans les coins anecdotiques. Untel parlera des déplorables conditions de travail des saisonniers au Kenya, provoquée par la soudaine demande mondiale de roses , un autre des célibataires, exclus de la Saint-Valentin, un dernier des manifestations contre cette fête à travers le monde.
Pour tout dire, ces manifestations furent le point de départ de mon livre. Comment pouvait-on s’opposer à une fête des amoureux ? Certes cela semblait provenir de quelques illuminés fanatiques, mais quand même, combattre l’amour m’apparaissait très intriguant et piquait ma curiosité. Je menai donc une première enquête, et découvris peu à peu que le mouvement de résistance à la Saint-Valentin n’avait rien de marginal, et qu’il s’étendait, chaque 14 février, dans plusieurs régions du monde, de l’Asie à l’Afrique. Générant parfois des violences contre les amoureux. Je découvris également que la jeunesse s’opposait massivement à cette répression amoureuse, qu’elle usait de mille tactiques ingénieuses pour déjouer les interdits, et que le désir d’exprimer ses sentiments s’avérait le plus fort.
D’un coup, le conformisme consumériste qui a un peu engourdi la fête en Europe se trouvait relégué en question secondaire, et je comprenais que chaque 14 février un vaste affrontement idéologique traversait toute la planète. Je comprenais également que ce consumérisme amoureux méritait lui aussi d’être interrogé. Car dans de vastes régions du monde, la nouvelle révolution sentimentale de la Saint-Valentin émergeait à partir des marchands, vendeurs d’une pacotille amoureuse standardisée. Ils étaient d’ailleurs (pour leurs intérêts) à la pointe de la lutte contre les interdits. Avant de jeter un regard de dédain sur la pacotille amoureuse, il fallait donc comprendre son rôle dans l’immense mutation sentimentale qui est en cours. Il fallait aussi s’interroger sur le lien complexe entre argent et sentiments dans les régulations de notre société. Comment la Saint-Valentin s’était-elle à ce point intimement liée au commerce (fleuristes, chocolatiers, restaurateurs, etc.) ? Comment cela s’était-il passé. Il me fallait remonter dans l’histoire.
Et je n’allais pas être déçu ! Loin de l’idée d’une Saint-Valentin sur laquelle il n’y aurait rien à dire, je découvris à l’inverse une histoire pleine de rebondissements et de surprises.

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